Les médias émergents

Médias de référence : La télévision n’est pas morte

La fin de la télévision est-elle déjà programmée ? L’arrivée d’internet et sa cohorte de médias sociaux annonçaient la lente mort de TF1, France Télévisions et autre Canal +. Twitter, Facebook, sont-ils des « serial media killer » ?

Longtemps annoncée comme moribonde, la télévision de papa semble avoir intégré les nouveaux médias. Grâce aux commentaires postés sur Twitter, les audiences sont mieux comprises, les désirs des téléspectateurs analysés en direct. Les « Qui a tué JR ? » ne fusent plus devant la machine à café le lendemain de la diffusion de l’épisode hebdomadaire de Dallas.
Aujourd’hui la télévision initie les conversations sur le Net, des échanges en direct mais via Twitter.
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« Quand Nikos Aliagas fait la promotion de The Voice sur son compte Twitter, ce sont 300 000 personnes qui le reçoivent », dit Emmanuel Porcheron gestionnaire de communauté à TF1.

Les médias sociaux servent à la fois à la promotion des programmes et à l’analyse des audiences. Il devient plus facile de segmenter les téléspectateurs et donc de cibler les publicités. Pour les publicitaires, cela signifient des annonces plus efficaces. De média de masse, la télévision se transforme en média de précision.

Audience télé : un pic historique

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3h 49 d’écoute individuelle quotidienne de la télévision en France : un record atteint en 2012 . Malgré un légère baisse en 2014, Médiamétrie annonce une stabilisation des audiences. Si les téléspectateurs demeurent devant le petit écran, leurs habitudes changent, ils sont de moins en moins nombreux à rester passif, environ 30 % utilisent textos, Twitter, Facebook tout en regardant leur programme. Chez les 13-19 ans la proportion atteint 43 % (source Ipsos).

C’est cette tranche d’âge qui est la plus surveillée par les analystes des médias.
En France, Eric Scherer, directeur de la prospective à France Télévisions, pense que les jeunes délaissent la télévision et surtout qu’ils n’y reviendront pas.
Aux Etats-Unis, Nielsen (spécialiste des mesures d’audience) constate que 94% de la génération internet (les « millennials »), une fois installés dans leur propre maison, sont raccordés à la télévision (câble ou antenne). Contre toute attente, seulement 6 % n’ont qu’une connexion internet.

Une métamorphose en court

« Le marché n’est pas mûr, les habitudes de consommation des nouveaux médias ne sont pas définissables » pour Jérome Hellio, directeur des plateformes de la Société Radio-Canada et de Tou.tv à Montréal, « les émissions de divertissements, les retransmissions en directe ne sont pas affectées par les nouveaux médias, par contre les journaux télévisées n’ont plus le « monopole » de l’information, une importante partie des téléspectateurs est déjà informée quand elle regarde les JT. Les rédacteurs en chef doivent réinventer journaux, les sujets doivent être plus fouillés, il faut approfondir quelques informations et moins s’éparpiller »

Des télévisions « historiques » peu touchées par la révolution internet, contrairement aux chaînes spécialisées, des chaînes de niche. Aux Etats-Unis, ESPN, la plus grosse chaîne de sports au monde, vient de perdre subitement 3 millions d’abonnés, victime d’un nouveau phénomène apparu outre-atlantique le « cord-cutting ». Un grand nombre d’Américains ne veut plus payer pour des centaines de chaînes qu’il ne regarde pas. Il se désabonne des bouquets aux choix pléthoriques.
Les consommateurs de programmes de niche se tournent vers internet et Youtube Tv.
Ce sont les câblo-distributeurs et les fournisseurs de bouquets télévisés qui pâtissent de l’arrivée des nouveaux médias.

Télévision 1.0 : la révolution de 1985
« Visionnage en rafale » (Binge watching), « Télé à la demande », (VOD), nous pensons que notre consommation télévisuelle est en train de radicalement changer avec internet et le numérique. Pourtant la première évolution date des années 80 avec l’arrivée du magnétoscope. Il y a 30 ans nous pouvions déjà enregistrer un programme à l’avance, nous pouvions déjà passer nos fins de semaine à regarder des films, l’un après l’autre. Le changement a peut-être déjà eu lieu.

Antoine JANON 

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