Les révélations de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden ont démontré que la vie privée sur internet n’était pas à l’abri du regard des services de renseignement. Pour les journalistes, le chiffrement des emails est devenu une tâche nécessaire pour échanger avec certaines sources et lanceurs d’alerte. Mais est-ce un moyen de protection infaillible ?
Le chiffrement des données est une manière de retarder l’inévitable. Mais il y aura toujours un moyen, tôt ou tard, de déchiffrer nos messages.
C’est sur cet amer constat qu’Anthony Bellanger, le président de la Fédération internationale de journalistes (FIJ), annonce la couleur : les données personnelles ne sont pas à l’abri du regard des services de renseignement. Explications.
Là où les choses se compliquent, c’est dans les échanges d’informations entre les journalistes et leurs sources via internet. Faut-il donc tout chiffrer pour protéger les sources d’information et les lanceurs d’alerte ?
Glenn Greenwald, journaliste pour The Guardian, a bien failli passer à côté de son scoop mondial sur la surveillance de masse par l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA). Le journaliste n’avait pas les compétences en informatique nécessaires et Edward Snowden, ancien consultant de cette agence, voulait communiquer exclusivement via messages chiffrés.
Démocratiser le chiffrement
Les entreprises Google, Yahoo ou Microsoft peuvent avoir facilement accès aux données privées des utilisateurs stockées sur leur serveur. Anthony Bellanger en est bien conscient.
Si je dois donner un conseil aux confrères : Utilisez des emails qui ne ressemblent à rien. Des serveurs qui n’attirent pas l’attention.
Un conseil confirmé par Cyberesprit* au Labx, un hackerspace à Bordeaux. Pour lui, le chiffrement des emails est plus simple qu’il n’y paraît. Et comme le président de la FIJ, il critique les services proposés par les grands industriels de l’internet.
*Pseudonyme choisi par l’interlocuteur
Le chiffrement au quotidien
Martin Untersinger est journaliste pour le journal Le Monde. Spécialiste des questions de protection de la vie privée sur internet, de données personnelles, il est amené à utiliser des solutions de chiffrement dans son travail quotidien.
L’ordinateur sur lequel je vous parle, quand il est éteint, il est chiffré. A chaque fois que je l’allume, il faut déchiffrer l’intégralité du disque dur.
— Consulter l’intégralité de l’interview avec Martin Untersinger
Le chiffrement en action
Démonstration avec Cyberesprit en quelques clics du déchiffrement d’un message.